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Jamie FREEL

JLord blackwood 73amie FREEL

Collecté en Ulster (Donegal)
et traduit par :
Armanel_ Lord of Blackwood  
2015

 

Il y a bien longtemps, dans le village de  Fannet, vivaient Jamie Freel et sa mère. La vieille dame était veuve et ne pouvait subvenir à ses besoins. Jamie travaillait dur tous les jours dans les fermes des environs et tous les samedis soirs, une fois sa semaine terminée, il se rendait chez sa mère à qui il donnait toutes ses économies en la remerciant de lui laisser quelques sous pour ses dépenses personnelles. Jamie était bien vu de ses voisins car il était gentil et qu’il travaillait dur toute la semaine et qu’il s’occupait bien de mère qui était veuve et sans le sou.

Mais près de sa maison, vivaient d’autres personnages dont il avait entendu parler. Des êtres qu’il n’avait jamais vus, et qu’on n’apercevait que pendant la nuit d’Halloween. C’étaient des fées et des lutins qui vivaient dans un vieux château en ruine sur la colline derrière chez sa mère.

 

A chaque fête d’halloween, les fenêtres du château en ruine s’illuminaient et les rares passants qui osaient s’aventurer dans les parages disaient avoir vu des petits êtres qui volaient dans les pièces du château pendant que d’autres jouaient des musiques merveilleuses avec leurs flutes et leurs cornemuses. Il était bien connu que des festivités magiques avaient lieu, et que les lutins possédaient un grand trésor, mais, comme ils avaient des pouvoirs magiques, personne n’osait s’approcher du château ni essayait de participer à leurs fêtes.

Jamie, depuis qu’il était tout petit observait de loin ces petits êtres et écoutait la musique merveilleuse en se demandant ce qui pouvait bien se passer dans le château. Cette année-là, n’y tenant plus, il se leva de sa chaise, prit sa casquette et dit à sa mère :
- « Je veux aller au château et tenter ma chance ! ».

- «  Quoi ? » s’écria sa mère  « Tu veux t’aventurer la haut ? As-tu oublié que tu es le fils unique d’une pauvre veuve ? Ne tente pas l’aventure pauvre fou. Ils vont te tuer et que vais-je devenir si tu meures ? »

- « Ne t’inquiètes pas Maman, il ne m’arrivera rien de mal et j’ai tout à gagner bien au contraire ! »

Armanel - conteur ( http://armanel.e-monsite.com/ 

Jamie embrassa sa mère, sortit de la maison et monta vers le château à travers le champ de tourbe. Il arriva rapidement près du château dont les fenêtres brillaient de mille feux qui donnaient une couleur dorée aux feuilles des pommiers sauvages qui poussaient dans le verger, les faisant ressembler à des feuilles d’or. Accroupi sous un  pommier, Jamie est resté longtemps à écouter les bruits de la fête : la musique, les chants et les rires qui s’échappaient du château, avant de se décider à pénétrer dans le château.  Dans la grande salle de bal, Jamie a vu une multitude de petits êtres, pas plus grands que des enfants de trois ans, qui dansaient au son des violons et des flutes, pendant que d’autres buvaient ou mangeaient un festin de roi.

"Bienvenue, Jamie Freel! "Bienvenue "Bienvenue a crié l’assemblée en voyant entrer le visiteur.  « Bienvenue à Jamie le brave garçon ».

 Et Jamie a rejoint la fête et s’est amusé pendant des heures. Jamie ne voyait pas le temps passer quand ses hôtes ont dit,

"Nous allons aller à Dublin ce soir pour Kidnapper une jeune femme pour en faire notre servante. Viendrez-vous aussi, Jamie Freel?"

- « Bien sûr ! » s’est écrié Jamie, tout excité à l’idée de l’aventure qui se présentait.

Une troupe de chevaux a été amenée près de la porte. Jamie est monté sur son coursier et s’est élevé avec lui dans les airs. Il a survolé la maison de sa mère, au milieu de la troupe féerique puis ils sont allés, au delà des montagnes grasses, au-delà des petites collines, au delà  du Lac profond de Swilley, survolant des villes et des hameaux de campagne, ou les gens cuisinaient les citrouilles et les pommes de terre pour fêter Halloween. Il a semblé à Jamie qu'ils ont volé partout autour l'Irlande avant qu'ils ne soient arrivés à Dublin.

"Voici Derry," ont dit les lutins, volant sur la flèche de cathédrale; et ce qui était dit par une voix a été répété par tout le reste : cinquante petites voix qui poussaient des cris, "Derry! Derry! Derry!"

De la même manière était Jamie informé de chaque ville sur le parcours jusqu’à ce qu’il a entendu le cri, "Dublin! Dublin!"

Ce n’est pas un logement modeste que les lutins avaient décidé de visiter, mais une des plus belles maisons d’un des quartiers les plus chics de Dublin.

La troupe s’est arrêtée  près d'une fenêtre et Jamie a vu un beau visage, sur un oreiller dans un lit splendide. Il a vu la jeune demoiselle soulevée et a emportée, tandis qu’un bâton a été posé à sa place sur le lit. Et Jamie a vu le bâton prendre la forme exacte de la jeune fille.

La jeune fille a été placée sur l’encolure d’un des chevaux qui l’a portée pendant un bon moment avant qu’elle passe sur un autre cheval, puis sur un autre …  et les noms des villes ont été criés comme auparavant.

Jamie a entendu "Rathmullan", "Milford", "Tamney" et ainsi il savait qu'ils s'approchaient du château. Ils étaient près de sa propre maison.

"Vous avez tous transporté la jeune fille à tour de rôle," a-t-il dit. "Pourquoi  n’ais-je pas le droit de la transporter à mon tour ? »

"Tu as raison, Jamie," ont-ils répondu, "Tu peux prendre ton tour, maintenant, si tu le désires."

En tenant très fermement la jeune fille, Jamie s’est enfui vers la maison de sa mère.

Armanel - conteur ( http://armanel.e-monsite.com/ 

"Jamie Freel, Jamie Freel! C'est donc ainsi que tu nous remercies?" ont-ils crié ils en poursuivant Jamie.

Jamie ne s’est pas retourné et a continué sa fuite en avant, quoiqu'il ne sache pas exactement  ce qu'il tenait, car les lutins ont transformé la dame en toutes sortes de formes étranges. À un moment elle était un chien noir, aboyant et essayant de mordre; à un autre, une barre de fer rougeoyante, ou encore un sac de laine ou de pierres.

Mais Jamie l'a toujours tenue fermement et les lutins déconcertés abandonnèrent la poursuite. Alors une femme minuscule, le plus petite du groupe, s'est exclamée, "Jamie Freel croit faire une bonne affaire, mais qu’il ne se réjouisse pas trop vite, car je ferai en sorte que la jeune fille soit sourde et muette. Et elle a jeté un sort sur la jeune fille.

Tandis que les lutins, déçus, s’éloignaient, Jamie a soulevé le loquet de la porte et est entré chez sa mère.

"Jamie, mon fils!" a crié sa mère, "Tu as été absent toute la nuit. Qu'ont-ils fait de toi ?"

"Rien de mal, mère;  bien au contraire. Je rapporte une belle jeune Lady."

"Que Dieu nous protège!" a crié la mère en voyant la jeune fille.  

Jamie a raconté son aventure de la nuit, et conclut en disant, "J’espère que tu n’as pas imaginé que je resterai avec eux tout le reste de ma vie ?

"Mais une Lady, Jamie! Comment une Lady pourra-t-elle vivre chez nous, avec nous et manger ce que nous mangeons? Je te le dis en face : Tu es complètement fou ?"

"Mais maman, il vaut mieux pour elle d'être notre invitée ici, que esclave là-bas," et il a indiqué la direction du château.

Pendant ce temps, la jeune Lady sourde et muette tremblait dans ses vêtements de nuit fins, et s’est dirigé vers le feu  de tourbe qui mourait dans la cheminée.

"Pauvre petite créature, elle est triste et belle! a dit la vieille femme, regardant son invitée avec de la pitié et l'admiration. "Nous devons commencer par l’habiller plus chaudement, mais que vais-je pouvoir trouver à lui donner ?"

Alors, elle a amenée la jeune Lady dans sa chambre et lui a passé sa robe du dimanche; puis elle a  ouvert un tiroir  et en a sorti une paire de bas blanc, un long châle blanc comme neige et une coiffe de dentelle fine.  Sa tenue de morte, comme elle disait.

Ces vêtements avaient été mis de côté depuis longtemps en vue  de la cérémonie funèbre, dans laquelle elle remplirait un jour la partie en chef, et avaient seulement vu la lumière de temps en temps, quand ils ont été accrochés pour être prendre l’air; mais elle a avait décidé de les donner à la jeune Lady qui tremblait autant de froid que de peur, et qui tournait son regard de l’un à l’autre en se demandant ce qui lui arrivait.

La  pauvre jeune fille se força à passer ces vêtements et s’assit ensuite sur un tabouret dans la cheminée et a caché son visage dans ses mains.

"Comment pourrons –nous nous occuper d’une dame comme vous ?" a sangloté la vieille femme.

"Je travaillerai pour vous deux, maman," a répondu Jamie.

"Mais comment une Lady pourrait-elle vivre si pauvrement que nous pauvre fou ?" A-t-elle répété.

"Je travaillerai dur," a répondu Jamie.

Il a tenu sa parole. Mais la jeune femme était très triste et mélancolique et les larmes coulaient le long de ses joues tous les jours et aussi pendant les soirées tandis que la vieille femme filait la laine assise au coin du feu et que Jamie faisait des pièges à saumon, une nouvelle activité récemment apprise, dans les espoirs de gagner quelques sous de plus pour ajouter un peu de confort à son invitée.

La jeune fille ne se révoltait jamais et  essayait de sourire quand elle les voyait la regarder; et petit à petit elle s'est adaptée à leurs façons et mode de vie. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour apprendre à faire à manger pour le porc, écraser des pommes de terre, préparer le repas pour les volailles et tricoter des chaussettes.

Armanel - conteur ( http://armanel.e-monsite.com/ 

Une année passa, et le nouvel Halloween pointait son nez. "Mère", a dit Jamie, en prenant sa casquette, "je vais retourner au château  pour chercher fortune."

"Est-ce que tu es fou, Jamie ?" a crié sa mère, terrifiée; " Pour sûr ils te tueront cette fois pour que se venger de ce que tu leur a fait l'année dernière."

Jamie a balayé ses craintes d’un revers de la main et a décidé d’agir selon ses convictions

Comme il atteignait le bosquet de pommiers sauvages, il a vu des lumières briller à travers les fenêtres du château comme auparavant et a entendu les chants et les rires. En rampant sous la fenêtre, il a entendu les petits êtres dire, "Quel méchant tour Jamie Freel nous a joués l'année dernière, quand il a volé la jeune Lady que nous avions enlevé pour nous."

"Oui," a dit la femme minuscule, mais je l'ai puni pour cela, elle est aussi muette qu’une image et leur vie ne doit pas être facile; mais il ne sait pas qu’il suffit de boire trois gorgée de ce verre que je tiens à la main pour qu’elle entende et parle à nouveau."

Le coeur de Jamie battait la chamade comme il  entrait dans le château. De nouveau il a été salué par tous les lutins

- "Voici Jamie Freel! Accueillez, accueillez, Jamie!"

Une fois le tumulte calmé, la petite femme a dit, " Vous boirez bien à notre santé, Jamie. Et elle lui tendit je verre qu’elle tenait à la main."

Jamie a saisi le verre d'elle et s'est précipité vers la porte du château. Il ne sut jamais comment il a atteint sa cabane, mais il est arrivé là à bout de souffle et s’est effondré sur un banc près du feu.

"Ils vont sûrement te tuer cette fois, mon pauvre garçon," a dit sa mère.

"Non, cette fois-ci j’ai eu encore plus de chance que jamais!" Et il a donné à la Lady les trois gorgées du liquide qui restait toujours au fond du verre, malgré sa course folle sur le champ de tourbe.

La jeune Lady a commencé à parler et ses premiers mots étaient des mots de remerciement pour Jamie.

Les trois habitants de la cabane avaient tant à se dire l'un à l'autre, que longtemps après l'aube, quand la musique magique avait tout à fait cessé, ils parlaient toujours autour du feu.

"Jamie," a dit la jeune Lady, "donne-moi du papier, une plume et de l'encre, que je puisse écrire à mon père et lui dire ce qui m'est arrivé."

Elle a écrit, mais les semaines ont passé et elle n'a reçu aucune réponse. À maintes reprises elle a écrit et toujours aucune réponse.

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Finalement la jeune fille a dit, "Vous devez m’accompagner  à Dublin, Jamie, pour trouver mon père."

"Je n’ai pas  argent pour louer une voiture pour vous," a-t-il répondu, " Comment pourriez-vous voyager à pied jusqu’à Dublin?"

Mais elle l'a tellement imploré qu'il a consenti à partir avec elle et faire tout le chemin à pied jusqu’à Dublin. Ce n'était pas aussi facile que le voyage magique; mais ils ont fini par sonner à la porte de la maison du père de la jeune Lady.

"Dites à mon père que sa fille est ici," a-t-elle dit au serviteur qui a ouvert la porte.

"Le monsieur qui vit ici n'a aucune fille, mademoiselle. Il en avait une, mais elle est morte il y a un an."

"Ne me reconnaissez-vous pas, Sullivan?"

"Non, mademoiselle, absolument pas."

"Laissez-moi voir le propriétaire. Je demande seulement à le voir."

"Eh bien, ce n'est pas une demande extravagante; je vais voir ce que je peux faire."

Quelques instants plus tard, le père de la jeune Lady est venu à la porte.

"Mon cher père," a dit elle, "ne me reconnaissez-vous pas?"

"Comment osez-vous m'appeler père?" a crié le vieux monsieur, en colère. "Vous êtes un  imposteur. Je n'ai aucune fille."

"Regardez bien mon visage, père et sûrement vous vous rappellerez de moi."

"Ma fille est morte et enterrée. Elle est morte il y a très longtemps." La voix du vieux monsieur s’est brisée de chagrin et il se mit à pleurer. "Allez-vous en," a-t-il conclu.

"Arrêtez- de pleurer, cher père, regardez cet anneau sur mon doigt. Regardez-le bien, votre nom et le mien y sont gravés."

"C'est bien l'anneau de ma fille; mais je ne sais pas comment vous vous l'êtes procuré je crains que ce  soit d'une façon malhonnête."

"Appelez ma mère, je suis sûre qu’elle me reconnaitra," a dit la jeune fille, qui, à ce moment-là, pleurait amèrement.

"Ma femme pauvre commence à oublier sa peine. Elle parle rarement de sa fille maintenant. Pourquoi devrais-je renouveler son chagrin en lui rappelant sa perte ?"

Mais la jeune femme a persévéré, jusqu’à ce qu’on aille chercher sa mère.

"Maman," elle a commencé, quand la vieille dame est venue à la porte, "vous ne reconnaissez pas votre fille ?"

"Je n'ai aucune fille; ma fille est morte et a été enterrée il y a très longtemps."

"Regardez bien mon visage et sûrement vous vous rappellerez de moi."

La vieille dame a secoué la tête.

"Vous m'avez tous oublié; mais regardez ce grain de beauté sur mon cou. Sûrement, mère, vous me connaissez maintenant ?"

"Oui, oui," a dit la mère, "ma Gracie avait un grain de beauté sur son cou comme ça; mais je l'ai vue dans son cercueil à la fermeture du couvercle sur elle."

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C'était alors que Jamie a pris la parole et il a raconté l'histoire du voyage magique, du vol de la jeune femme, du bâton qu’il avait vu mis à sa place, de sa vie avec sa mère dans le hameau de Fannet, du dernier Halloween et des trois gorgées qui l'avaient libérée de son enchantement.

La jeune fille a repris la parole quand Jamie a fait une pause et a dit comment la mère et le fils s’était comportés avec elle. Alors les parent ont reconnu leur fille.

Les parents ne savaient pas comment remercier Jamie. Ils l'ont traité avec distinction et quand il a exprimé son souhait de retourner à Fannet, ils lui ont dit qu'ils ne savaient pas comment lui montrer leur gratitude.

Mais une complication a surgi. La fille ne voulait pas laisser Jamie partir sans elle. "Si Jamie s’en va, je partirai aussi," a-t-elle dit. "Il m'a sauvé des lutins et a travaillé pour moi depuis. S'il n'avait pas été là, que serais-je devenue ? Papa, Maman, vous ne m'auriez jamais revue. S'il part, je pars aussi. "

Comme c’était sa résolution, le vieux monsieur a dit que Jamie et la jeune fille devaient se marier. La mère de Jamie a été amenée de Fannet dans un carrosse tiré par quatre chevaux et il y eut un mariage splendide.

Ils ont tous vécu ensemble dans la grande maison de Dublin et Jamie hérita de toute la fortune à la mort de son beau-père.

AB

Date de dernière mise à jour : 02/11/2019