Le forgeron et les sorcières
THE SMITH AND THE FAIRIES.
Compilé par Lord Blackwood
Traduit par Armanel en 2019.
Il y a bien longtemps de cela, un forgeron du nom de Mac Eachern vivait à Crossbrig. Cet homme avait un enfant unique, un garçon âgé d'environ treize ou quatorze ans, enjoué, fort et en bonne santé. Soudain, le garçon est tombé malade, s'est couché et a passé des journées entières à dormir et à délirer. Personne ne pouvait dire de quel mal il souffrait, et le garçon lui-même ne pouvait pas ou ne voulait pas dire ce qu'il ressentait. Il dépérissait vite; devenait maigre, sa peau se ridait comme celle d’un vieux et son teint devenait jaune. Son père, tous ses amis et tous les gens du village avaient peur qu'il meure.
Un jour, alors que son fils était couché dans son lit depuis longtemps, et que son état ne s’était ni amélioré ni empiré ; il passait son temps cloué au lit, mais il avait un appétit extraordinaire. Un jour donc, tout en ruminant tristement ses pensées noires, debout devant sa forge, sans avoir le coeur à travailler, le forgeron fut agréablement surpris de voir arriver à lui un vieil homme, qu'il connaissait bien pour sa sagacité et sa connaissance des choses insolites, et pénétrer dans son atelier. Il lui raconta aussitôt l'incident qui avait assombri sa vie.
Le vieil homme l’écouta avec un air grave, et après avoir longuement réfléchi à tout ce qu'il avait entendu, a dit au forgeron:
_ « Je ne pense pas que c’est votre fils qui est couché dans son lit chez vous. Le garçon a été emmené par le" Daoine Sith ", et ils ont laissé un Sibhreach à sa place. »
_ « Hélas! Et que dois-je faire alors? » Dit le forgeron. « Comment vais-je jamais revoir mon propre fils? »
_ « Je vais vous dire comment le récupérer, » répondit le vieil homme. « Mais d'abord, nous devons nous assurer que je ne me suis pas trompé et que ce n'est pas votre propre fils que vous avez, couché chez vous. Prenez autant de coquilles d'oeufs vides que vous pouvez récolter, portez les dans la pièce ou est couché votre fils, étendez-les avec précaution devant lui, puis remplissez-les d’eau puisée dans un baquet en chêne, en les tenant deux à deux dans vos mains comme si elles pesaient un poids considérable, et arrangez-les, lorsqu'elles sont pleines, avec toute la précaution dont vous êtes capable, autour du feu. »
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Le forgeron a regroupé toutes les coquilles d'œufs cassées qu'il pouvait se procurer, puis il est entré chez lui et a suivi toutes les instructions du vieil homme.
Il avait à peine commencé à ranger les coquilles d’œuf devant la cheminée qu’il entendit un éclat de rire avant de sortir du lit et la voix de l’apparent garçon malade s’exclamer:
_ « Je suis âgé de presque 800 ans et je n’ai jamais faire vu ce genre de chose auparavant. »
Le forgeron est ressorti précipitamment et a tout raconté au vieil homme.
_ « Eh bien, nous avons maintenant la preuve dont nous avions besoin, » lui dit le sage, « ne t'avais-je pas dit que ce n'était pas ton fils qui était couché dans le lit. Pour moi, ton fils est à Brorracheill dans le tumulus qui ressemble à une colline ronde et verte et qui est fréquenté par des lutins. Il faut vous débarrassez au plus vite de cet intrus, et je pense pouvoir vous promettre que vous reverrez votre fils rapidement. »
_ « Pour cela, vous devrez allumer un très grand et vif feu devant le lit sur lequel cet étranger gît. Il vous demandera certainement: " A quoi va bien pouvoir servir un tel feu? " Répondez-lui aussitôt: 'Vous allez voir ça tout à l'heure!'. Puis saisissez-le par les pieds et jetez-le au milieu du feu. Si je me suis trompé et que c'est votre propre fils que vous avez attrapé, il criera « Au Secours » pour que vous le sauviez, mais sinon, cette affreux Sibhreach s’envolera à travers le toit. "
Le forgeron a encore suivi le conseil du vieil homme : Il a allumé un grand feu, a répondu à la question que lui a posé le Sibhreach comme le vieil homme lui avait ordonné de le faire et a saisi l'enfant par les pieds sans hésiter. Le Sibhreach poussa un cri terrible et sauta à travers le toit, laissant un trou par où sortait la fumée.
Alors le forgeron est retourné près du vieil homme pour tout lui raconter et lui demander comment faire pour retrouver son fils unique. Le vieil homme lui a dit qu’il fallait attendre la pleine lune, afin d’être certain que les lutins soient réunis sous le tumulus pour leur réunion secrète.
Quand enfin la pleine lune était sur le point d’arriver, le vieil homme dit au forgeron que le tumulus dans lequel les lutins gardaient le garçon prisonnier serait ouvert. Et que cette nuit-là, le forgeron, après s'être muni d'une Bible, d'un crapaud et d'un coq en âge de chanter, devrait se rendre à la colline. Il entendrait chanter et danser et il verrait beaucoup de lutins entrer par la porte du tumulus, mais il ne devait pas avoir peur et avancer hardiment; la Bible qu'il portait serait une protection certaine pour lui contre tout danger venant des lutins. En entrant dans le tumulus, il devrait coincer le crapaud dans le seuil pour empêcher la porte de la colline de se refermer derrière lui.
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_ « Et puis, » continua le vieil homme, « en entrant, vous verrez une chambre spacieuse devant vous, magnifiquement décorée, et vous pourrez voir votre propre fils, là-bas, prisonnier et enchaîné à une forge. Déclarez alors que vous venez le chercher et que vous ne partirez pas sans lui.
Peu de temps après, la pleine lune se leva et le forgeron se prépara comme prévu. Effectivement, à l’approche du tumulus, il vit une lumière là où on n’en avait jamais vue auparavant. Peu de temps après, le chant des flûtes, le bruit des pas de danse et des cris de joie portés par le vent de la nuit parvinrent au père inquiet.
Surmontant ses sentiments de crainte et de peur, le forgeron s'est approché du tumulus sans jamais reculer ou faire demi-tour, il a posé le crapaud comme le vieil homme lui avait indiqué et est entré sous la colline des lutins. Protégé par la Bible qu'il portait sur sa poitrine, les lutins ne pouvaient pas le toucher, mais ils lui ont demandé, avec beaucoup de colère, ce qu'il faisait là. Il a répondu:
_ Je suis venu chercher mon fils, que je vois enchaîné à la forge là-bas, et je ne partirai pas sans lui. »
En entendant cela, toute la compagnie des lutinsqui se tenait devant lui eut un grand éclat de rire qui réveilla le coq qu'il portait endormi sous son bras ; Réveillé brusquement, et aveuglé par le feu de la forge, le coq sauta aussitôt sur les épaules du forgeron, claqua des ailes et chanta fort et longtemps car il croyait que le jour venait de se lever.
Les lutins, furieux que leur fête soit gâchée, s'emparèrent du forgeron et de son fils et, les poussèrent dehors du tumulus, puis jetèrent aussi le coq, et tout fut noir en un instant.
Pendant un an et un jour, le garçon ne travailla pas et ne parla presque jamais; mais enfin, au bout d’un an et un jour, alors qu’il était assis à côté de son père et le regardait polir une épée qu'il fabriquait pour un chef de clan, et sur laquelle il avait beaucoup travaillé, il s’écria:
_ « Ce n'est pas la meilleure façon de la forger; les lutinsm’ont appris à forger des armes magiques sous le tumulus »
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Et, prenant les outils des mains de son père, il prit sa place et fabriqua une épée sans pareille dans tout le pays.
À partir de ce jour, le jeune homme travailla constamment avec son père et devint le créateur d'une arme particulièrement fine et bien trempée, dont le secret de fabrication donnait aux deux forgerons, père et fils, un travail constant et répandait leur renommée au loin, ce qui leur a donné des moyens en abondance, pour vivre sans crainte de devenir pauvre et très heureux de partager leurs richesses avec leurs amis et tous le gens du village.
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Date de dernière mise à jour : 15/08/2020