Le noël d’Aelhaearn
Le noël d’Aelhaearn
Documentation : Lord Blackwood
Tradution : Armanel - conteur
Il était une fois (il y a si longtemps que je crois bien que tout le monde en a oublié la date)
dans une petite ville de l'île d'Anglesey (au nord du pays de Galles) de seulement 80 habitants qui vivaient dans 16 maisons.
(avec un nom si dur à prononcer que personne ne s’y essaye jamais :
Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch
Qui se prononce :
H’lane-vaïr-pouh’l-gouine-guih’l-go-guér-e-c’houeurn-drôb-ouh’l-h’lane-tis-il-yo-go-go-gauc’h
et qui veut dire :
l'église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d'un tourbillon rapide et l'église de saint Tysilio près de la grotte rouge).
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Il y avait une fois, disais-je donc,
un petit garçon de sept ans qui s'appelait Aelhaearn, dont les parents étaient morts,
et qui vivait chez une vieille tante cruelle et avare, qui ne l’embrassait qu’une fois par an (quand elle n’oubliait pas son anniversaire)
et qui soupirait profondément chaque fois qu'elle lui donnait un bol de soupe (comme si cela allait la ruiner).
Mais le pauvre petit Aelhaearn avait une nature si douce qu'il aimait malgré tout la vieille femme, bien qu'il avait terriblement peur d'elle et qu'il ne pouvait jamais regarder en face son vilain visage sans frissonner.
Au village, tout le monde savait que la tante du petit Aelhaearn avait une belle et grande maison et un bas de laine rempli de pièces d’or, aussi, elle n'avait pas osé dire qu’elle ne pouvait pas payer l’école pour lui et avait été obligée de l’envoyer dans l’école du village ; mais, pour obtenir une réduction du prix, elle s'était tellement disputée avec le maître de l'école, où le petit Aelhaearn s'était finalement rendu, que ce méchant homme, vexé d'avoir un élève si mal habillé et payant si peu, le punissait souvent injustement, et avait même dit tellement de mal contre lui que les autres élèves, tous fils de parents riches, se moquaient et harcelaient le petit Aelhaearn.
Le pauvre petit Aelhaearn était donc aussi misérable qu'un enfant pouvait l'être et se cachait dans les coins pour pleurer chaque fois que Noël approchait.
C'était la coutume du village que le maître d'école emmène tous ses élèves à la messe de minuit la veille de Noël, et les ramène à la maison dans la nuit.
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Or, cette année-là, l’hiver avait été très rigoureux et il neigeait abondamment depuis plusieurs jours. Tous les élèves étaient arrivés bien emmitouflés dans des vêtements chauds, avec des bonnets de fourrure tirés sur les oreilles, des doudounes, des gants tricotés, et des bottes solides à semelles épaisses. Seul le petit Aelhaearn se présenta en grelottant dans les pauvres vêtements qu'il avait l'habitude de porter et n'ayant aux pieds que de fines chaussettes et de vieux et lourds sabots de bois.
Ses camarades, remarquant son visage triste et son allure maladroite, firent de nombreuses blagues à ses dépends; mais le petit Aelhaearn était si occupé à souffler sur ses doigts, et souffrait tellement des engelures, qu'il n'en a pas tenu compte. Alors la bande de jeunes partit pour l'église, marchant deux par deux derrière le maître d’école.
Il faisait bon dans l'église qui brillait avec tous les cierges allumés ; et les garçons excités par la chaleur ont profité que la musique s’élevait de l'orgue pour bavarder entre eux à voix basse. Ils se sont vantés de toutes le bonnes choses qui les attendaient à la maison. Le fils du maire avait vu, juste avant de partir, une immense oie toute prête à être farcie et parée pour la cuisson. Chez l’épicier, il y avait un petit sapin aux branches chargées d'oranges, de bonbons et de jouets. Et chez l'aubergiste, la cuisinière avait coiffé son bonnet avec un tel soin qu'elle allait certainement cuisiner quelque chose de très bon !
Puis ils parlèrent, aussi, de tout ce que l'Enfant Jésus allait leur apporter, de tout ce qu'il allait mettre dans leurs souliers qu'ils auraient bien pris soin de laisser dans la cheminée avant d’aller au lit. Et les yeux de ces petits gamins pétillaient d'avance en pensant aux merveilles qu'ils auraient quand ils se réveilleraient le matin ;le sac rouge plein de bonbons, les petits soldats de plomb rangés dans leurs boites, et les magnifiques marionnettes rouges et vertes et garnies de guirlandes.
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Hélas! Le petit Aelhaearn savait par expérience que sa vieille tante avare l'enverrait au lit sans souper, mais, avec sa foi d'enfant et certain d'avoir été, toute l'année, aussi bon et travailleur que possible, il espérait que l'Enfant-Jésus ne l'oublierait pas, et lui aussi décida de placer ses sabots, qu’il aurait bien nettoyés, dans la cheminée.
La messe de minuit finie, les fidèles s'en allèrent, avides de s'amuser, et la troupe d'élèves a quitté l'église en marchant toujours deux par deux, derrière l'enseignant,.
Or, sous le porche, assis sur un banc de pierre, un enfant dormait – un enfant en vêtement de laine blanche, mais avec ses petits pieds nus, malgré le froid. Il n'était pas un mendiant, car son vêtement était blanc et neuf, et près de lui sur le sol se trouvait un sac d'outils de menuisier.
A la claire lumière des étoiles, son visage, les yeux fermés, brillait d'une expression de douceur divine, et ses longues mèches blondes bouclées semblaient former une auréole autour de son front. Mais ses petits pieds d'enfant, qui étaient bleuis par le froid de cette amère nuit de décembre, faisaient pitié à voir !
Les garçons si bien vêtus pour l'hiver passèrent tout à fait indifférents à l'enfant inconnu ; plusieurs d'entre eux, fils des notables de la ville, jetaient pourtant des regards sur le vagabond dans lesquels se lisait tous le mépris des riches pour les pauvres, des bien nourris pour les affamés.
Mais le petit Aelhaearn, sortant le dernier de l'église, s'arrêta, profondément ému, devant le bel enfant endormi.
"Oh mon Dieu!" se dit le petit bonhomme, c'est affreux ! Ce pauvre petit n'a ni souliers ni chaussettes par ce mauvais temps - et, ce qui est encore pire, il n'a même pas un sabot à laisser près de lui ce soir pendant qu'il dort, dans lequel le petit enfant Jésus pouurait mettre quelque chose de bon pour apaiser sa misère."
Et emporté par son cœur généreux, Aelhaearn retira le sabot de son pied droit, le posa devant l'enfant endormi, et, il rentra chez sa tante du mieux qu'il pouvait, tantôt sautillant, tantôt boitant avec sa chaussette mouillée par le neige,.
« Regardez-moi de bon à rien ! s'écria la vieille femme, pleine de colère à la vue du garçon déchaussé. "Qu’as-tu fait de ton sabot, petit vaurien ?"
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Le petit Aelhaearn ne savait pas mentir, alors, bien qu’il tremblait de terreur en voyant la rage de la vieille Mégère, il tenta de raconter son aventure. Mais la vieille avare éclata d'un rire affreux.
« Ah ! Alors mon jeune monsieur se déshabille pour les mendiants. Ah ! Mon jeune monsieur casse sa paire de sabots pour un va-nu-pieds ! Très bien, puisqu'il en est ainsi, je mettrai le seul soulier qui te reste dans la cheminée, e j’espère que l'Enfant Jésus y mettra un martinet ce soir pour te punir demain matin ! Et ce soir tu n’auras qu'un croûton de pain et de l'eau. Et nous verrons si la prochaine fois, tu donneras tes sabots au premier vagabond qui passera."
Et la méchante femme ayant tiré les oreilles du pauvre petit Aelhaearn, le fit grimper dans le grenier où il avait son réduit misérable.
Aelhaearn se coucha, en pleurs, dans le noir et s'endormit bientôt, mais son oreiller était mouillé de larmes.
Mais le lendemain matin quand la vieille, réveillée de bonne heure par le froid, descendit, elle a vu la grande cheminée remplie de jouets brillants, de sacs de magnifiques bonbons, et des richesses de toutes sortes, et se dressant devant tout ce trésor, se trouvait le sabot de bois que le garçon avait donné au petit vagabond à côté, celui qu'elle avait placé dans la cheminée pour recevoir un martinet.
Alors que le petit Aelhaearn, attiré par les cris de sa tante, se tenait dans une extase de joie enfantine devant la splendeur des cadeaux de Noël, des grands cris ont été entendus à l'extérieur. La vieille femme et Aelhaearn sont sortis en courant pour voir ce que tout cela voulait dire ; et ils virent toutes les femmes de la ville qui se tenaient autour de la fontaine publique.
Que s’était-il passé ? Oh, rien de bien grave mais très extraordinaire ! Les enfants des hommes les plus riches de la ville, que leurs parents avaient prévu de surprendre, au petit matin avec les plus beaux des cadeaux n'avaient trouvé que des martinets à leur place !
Alors la vieille femme et l'enfant pensant à toutes les richesses de leur cheminée furent remplis de peur.
Mais tout à coup ils virent apparaître le prêtre, qui leur raconta une chose extraordinaire : Juste au-dessus du banc placé près de la porte de l'église, à l'endroit même où, la veille au soir, un enfant en vêtement blanc aux pieds nus malgré le froid, avait reposé sa belle tête,il avait trouvé un cercle d'or incrusté dans les vieilles pierres.
Alors, ils se signèrent tous, comprenant que ce bel enfant endormi avec des outils de charpentier c’était Jésus de Nazareth lui-même, et avec révérence ils s'inclinèrent devant ce miracle, que le bon Dieu avait fait pour récompenser la foi et l'amour d'un petit Aelhaearn.
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Date de dernière mise à jour : 17/07/2023