Les cerises

Le fer à cheval et les cerises.  Galice
Traduction; Armanel _ 2013

Dieu a crée le monde a été créé en 7 jours, mais il ne faut pas croire que depuis il se repose ; il lui arrive, régulièrement, de venir incognito sur terre pour vérifier ce que les humains en ont fait. Parfois, quand il est trop occupé, c’est son fils, Jésus-Christ, qui  descend sur terre. 
Un jour, que Jésus et saint Pierre cheminaient de par le monde, ils arrivèrent en Galice où ils se sentirent bien fatigués. Il faisait une chaleur terrible mais, la vie était dure à cette époque et  ils ne trouvèrent pas la moindre âme charitable pour leur donner un verre d’eau. De plus il n’avait pas plu depuis bien longtemps, aussi ils ne trouvèrent pas le plus petit ruisseau pour leur procurer un filet d’eau. 
Jésus, qui marchait devant, vit un fer à cheval abandonné sur le sol ; il se retourna vers son disciple et lui dit :
_ Pierre, ramasse donc ce fer à cheval et garde-le précieusement.
Mais saint Pierre, qui était complètement déshydraté, était d’une humeur de chien.  lIl répondit :
_Ce morceau de fer ne vaut pas la peine de se baisser. Et puis, il est lourd et sera une source de fatigue supplémentaire. Laissons-le là, Seigneur.

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Jésus ne fit aucun commentaire ; il se contenta de se baisser, de ramasser le fer à cheval et de le mettre dans sa poche. Puis ils se remirent en route, muets et silencieux.
Quelques heures plus tard, ils rencontrèrent un homme qui arrivait face à eux. Jésus, tout heureux de rencontrer quelqu’un lia conversation avec lui au cours de la halte qu’ils firent tous ensemble, et appris que cet homme était forgeron. Au moment de se quitter, Jésus lui proposa le fer à cheval qu’il avait trouvé.
_ Ce fer est de bonne qualité, dit le forgeron, quel prix en voulez-vous ?
_ Je ne suis pas vendeur, dit Jésus, je vous l’offre.
_ Un cadeau vous engage, et je ne sais pas si je vous reverrai un jour pur vous rendre votre politesse . Je préfère l’acheter. Quel est votre prix ?
_ D’où je viens, l’argent n’a aucune valeur. Je vous propose donc de fixer vous-même votre prix. Dit Jésus.
L’affaire fut rapidement conclue et Jésus et Saint Pierre poursuivirent leur chemin et rencontrèrent une vieille femme harassée de fatigue qui se reposait sur une pierre. Posé à ses pieds, il y avait un panier en osier. Nos deux marcheurs s’arrêtèrent et Jésus s’adressa à la femme.
_Vous me semblez bien fatiguée, la chaleur vous aurait-elle terrassée ?
_ Je suis bien fatiguée en effet, je viens de Catalogne et je me rends à Compostelle.
_ C’est en effet une longue route. Et pourquoi ce voyage épuisant par cette chaleur ?
_ J’ai, dans mon panier, un kilo de cerise que je désire donner en offrande à la Sainte Vierge.
_ Écoutez, la Sainte vierge est ma mère, e,t si vous le voulez, je lui remettrai moi-même les cerises de votre part.
_ Je vous remercie, je suis tellement fatiguée.
_ Combien pour le panier de cerises ? Demanda Jésus.
_Rien du tout, c’est gratuit, un don, une offrande.
_ Écoutez, vous avez besoin de reprendre des forces et, malheureusement, ici-bas rien n’est gratuit. J’ai quelques pièces dans ma poche et je vous en fait cadeau afin que vous puissiez acheter un peu de nourriture afin de restaurer vos forces.

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 Pendant tout ce temps, saint Pierre restait muré dans son silence et sa mauvaise humeur empirait.
Jésus et Saint Pierre poursuivirent leur chemin . La chaleur redoublait ; les gorges se desséchaient. Mais, seul saint Pierre souffrait de la soif, car Jésus mangeait les cerises et le jus des fruits rafraîchissait son palais. L’apôtre, qui marchait péniblement derrière lui, regardait le Sauveur avec envie ; mais comme les cerises avaient été achetées avec le gain de la vente du fer à cheval qu’il n’avait pas voulu ramasser, il n’osait pas demander à Jésus sa part du festin.
Jésus, sans avoir l’air de rien, laissait tomber de temps en temps une cerise sur le chemin, et saint Pierre se penchait avec avidité pour la ramasser et la porter à sa bouche assoiffée. Quand il n’y eut plus de cerises, Jésus se retourna vers son disciple et lui dit :
_ Tu vois, Pierre, on ne doit rien dédaigner en ce monde, même ce qui nous paraît mesquin et dépourvu de valeur. Il te suffisait de te baisser une seule fois et de ramasser le fer à cheval à cheval, mais tu n’as pas voulu. Et depuis, tu as dû t’incliner de nombreuses fois pour les quelques cerises que je laissais tomber, à ton intention, sur le sol. Ceci t’apprendra, Pierre, à ne dédaigner rien ni personne.
Saint Pierre ne trouva rien à répondre ; il baissa la tête et poursuivit humblement le trajet derrière son Seigneur.

 

Date de dernière mise à jour : 06/11/2023