Vallée endormie_VC


La légende de la vallée endormie  _ Lord blackwood 73Version Courte                                                         VERSION LONGUE

d'après : The Legend of The Sleepy Hollow
by Washington Irving           
Translated, adapted and retold by Armanel _ Lord of Blackwood                                                                                 
                                                                             

 

Pas loin du village de Greensmouth, sur la côte est de l’île d’Erin, à peut-être environ trois kilomètres de là, il y a une petite vallée blottie parmi de hautes collines, et qui est un des endroits les plus calmes dans le monde entier.
Le calme de l'endroit et le caractère particulier de ses habitants, ont fait que cette vallée isolée a longtemps été connue sous le nom de la VALLEE ENDORMIE et ses habitants sont appelés les Rêveurs partout dans tout le pays. Certains disent que l'endroit a été ensorcelé par  le sorcier Taraod, dès le début du grand transbordement. Il est certain que l'endroit est toujours sous l'emprise du pouvoir de ce sorcier multi centenaire, qui tient les esprits des bonnes gens sous son charme, les enfermant dans une rêverie continuelle. Les habitants possèdent toutes sortes de merveilleuses facultés et voient fréquemment des choses étranges et entendent de la musique et des voix venues de nulle part. Et partout dans le pays on ne parle que des contes locaux, des maisons hantées et des apparitions crépusculaires. Les étoiles filantes et la lumière éblouissante des météores éclairent la vallée plus souvent que toute autre partie du pays.
Parmi tous les évènements étranges que l’on peut apercevoir dans cette vallée, le plus effrayant est surement l'apparition d'un cavalier décapité. Ce serait le fantôme d'un soldat dont la tête avait été emportée par un grand coup d’épée pendant la Grande Révolution et qui galope dans les ténèbres, comme sur les ailes du vent. Il ne hante pas que la vallée, mais rôde de temps en temps sur les routes adjacentes et particulièrement au voisinage d'une église bien précise. En effet, certain des historiens certifient que son corps a été enterré dans le cimetière, et que le fantôme retourne sur la scène de la bataille dans la recherche de sa tête mais qu’il doit revenir au cimetière avant l'aube.

Voila l’histoire de cette superstition légendaire, et on connaît le spectre, sous le nom du Cavalier Sans Tête de la VALLEE ENDORMIE.

Armanel - conteur ( http://armanel.e-monsite.com/ 

C’est là qu’a vécu, il y a bien longtemps, Ichabod Crane, venu dans le but d'instruire les enfants de la vallée endormie. Il était grand, mais extrêmement grêle, avec des épaules étroites et de longs bras. Sa tête était petite avec des oreilles énormes et de grands yeux verts. 
Il avait aménagé son école dans une maison basse située un peu à l’écart du village mais dans un endroit agréable, juste au pied d'une colline boisée, avec un ruisseau coulant près d'un bouleau immense.
Il était, selon la coutume de ce pays, logé dans les maisons des fermiers dont les enfants allaient à l’école. Ichabod y passait successivement une semaine à la fois, et circulait ainsi dans le voisinage, avec tous ses effets réunis dans un baluchon de coton.
En plus de ses autres talents, il était maître de chant et a gagné quelque argent en apprenant aux jeunes à chanter. Tous les dimanches, il dirigeait la chorale de l’église. Ainsi, par tous ses petits expédients divers, il a pu avoir une vie relativement facile.

De par sa vie semi vagabonde, Ichabod était aussi une sorte de gazette voyageuse, rapportant le commérage local dans la maison où il allait loger. Il était, de plus, considéré par les femmes comme un homme de grande érudition, car il avait lu plusieurs livres et connaissait par cœur le grand livre de Taraod "l'Histoire de la Sorcellerie," auquel tout le monde croyait, et que tout le monde craignait.

Son appétit pour le merveilleux était extraordinaire. Aucun conte n'était trop fou ou  trop monstrueux pour son imagination. C'était son plaisir, après que l’école soit finie, de se rendre sur le lit de trèfle bordant le petit ruisseau et de lire les contes épouvantables du vieux Taraod, jusqu'à ce que le crépuscule obscurcisse le livre devant ses yeux. Alors, Ichabod se rendait à travers bois et marais, à la ferme où il logeait, en écoutant chaque son de la nature; le cri du crapaud, la huée morne du chat-huant, le bruissement soudain dans le fourré d'oiseaux effrayés de leur perchoir. Les lucioles, aussi, qui éclairaient de façon éclatante les endroits les plus sombres; et si, par hasard, un imbécile de scarabée se heurtait contre lui, le maitre d’école était prêt à rendre l'âme, avec l'idée qu'il avait été frappé par la baguette d'une sorcière. Sa seule ressource dans de telles occasions, pour calmer ses esprits, était de chanter des psaumes et les bonnes gens de la VALLEE ENDORMIE, assis à prendre le frais sur le pas de leurs portes, étaient souvent remplis de crainte à l'audition de sa mélodie.

Mais, bien sûr, aucun spectre n'avait osé montrer son visage devant notre instituteur. Pourtant combien de fois Ichabod  a-t-il été épouvanté par un arbuste couvert de neige, qui, comme un spectre barrait son chemin! Combien de fois a-t-il ralenti sa marche au son de ses propres pas sur la croûte glaciale des chemins gelés; et quel effroi le poussait à regarder derrière lui par-dessus son épaule! Mais tout ceci, cependant, n’étaient que les simples terreurs de la nuit, les imaginations de son esprit dans l'obscurité.
 
Ichabod était tombé amoureux de la belle Katrina qui habitait chez son père sur les rives de la Stern River, dans un petit paradis vert abrité et fertile. Ichabod se voyait déjà marié à Katrina , avec une flopée d'enfants, au sein d’un beau château entouré de grands domaines.

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Quand il entra dans la ferme son cœur fut conquis par la beauté de cette ferme spacieuse qui contenait tous les outils que l’on pouvait imaginer tant pour les travaux de la ferme que pour les travaux domestiques. Le mobilier de la cuisine et de la salle à manger étaient dignes d’un prince, et celui des chambres était digne d’un roi.
Du moment où Ichabod a mis ses yeux sur ces trésors, sa seule ambition était de gagner l’amour de la fille. Dans cette entreprise, cependant, il y avait une difficulté plus grande que celles d’un chevalier errant d'autrefois qui devait combattre des géants, des enchanteurs, des dragons ardents et se frayer un chemin simplement par la force de son épée et briser les murs du château où la dame de son cœur a été enfermée. Ichabod devait gagner le cœur d'une coquette, faire face à un labyrinthe de caprices, et des caprices qui présentaient pour toujours de nouvelles difficultés; Et il devait affronter une foule d'adversaires, les nombreux admirateurs qui papillonnaient autour de la belle Katrina.

Parmi ceux-ci, le plus robuste s’appelait Brom. Il était large d'épaules, avec des cheveux noirs bouclés. Il était célèbre pour son grand savoir et son habileté dans le talent de cavalier. Il était vainqueur à toutes les courses.
Parfois on entendait sa troupe de cavaliers se précipitant au milieu des fermes à minuit, criant et hurlant, comme une troupe de Cosaques; et les vielles dames, effrayées dans leur sommeil, écoutaient passer la bande de Brom. Les voisins le considéraient avec un mélange de crainte, et d'admiration.
Ce Brom avait depuis quelque temps choisi Katrina comme objet de ses galanteries et quoique qu’il se conduise comme un ours, elle ne l'a pas découragé. Ce qui a fait que les autres prétendants se sont prudemment retirés car il n’est pas très bon de se trouver en travers du chemin d’un homme comme Brom
Tel était le rival formidable avec qui Ichabod Crane a dû lutter et, un homme plus vaillant que lui se serait dérobé à la concurrence et un homme plus sage aurait désespéré. 

Se déclarer ouvertement contre son rival aurait été la folie; car Brom n'était pas un homme à être contrecarré dans ses affaires. Ichabod, donc, a fait ses avances d'une façon calme et discrète. Sous le couvert de son activité de maître de chant, il a fait des visites fréquentes à la ferme.
Du moment où Ichabod Crane a fait ses avances, Brom a apparemment été oublié par Katrina: on n'a plus vu son cheval venir à la ferme le dimanche soir et une querelle mortelle a progressivement surgi entre lui et le précepteur de la VALLEE ENDORMIE.

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A partir de ce jour, les ennuis ont commencé pour Ichabod. Son environnement jusqu'ici paisible a été tourmenté de mille façons: l’école a été enfumée pendant les répétitions de chant, tout a été retourné sens dessus dessous à l’école pendant plusieurs. A tel point que le pauvre Ichabod avait commencé à penser que toutes les sorcières du pays tenaient leurs réunions là. 
Un après-midi, Ichabod, observait ses élèves qui étaient particulièrement dissipés. Il a été soudainement interrompu par l'apparition d'un homme petit et noir vêtu de haillons et d’un chapeau troué, et monté sur un poulain sauvage qu'il dirigeait avec une corde en guise de  rênes. Le petit homme noir est venu jusqu'à la porte de l’école porter à Ichabod  une invitation pour assister à la veillée d’Halloween dans la ferme du père de Katrina; et l'ayant  transmise, il a bondi par dessus le ruisseau et on l’a vu galoper, loin vers le fond de la vallée endormie.

La classe finie, a emprunté à un fermier un vieux cheval appelé Poudre. Mais L'animal sur lequel il est monté était un cheval d'attelage bon pour la retraite. Il était décharné et velu, avec un cou de brebis et une tête comme une enclume; un œil avait perdu sa paupière et lançait un regard furieux et spectral, et dans l'autre il y avait la lueur du diable. Tout de même il était plein de feu et de caractère car il avait mérité le nom de Poudre, puisque vieux et décharné comme il était, il y avait plus de diable se cachant en lui que dans n'importe quel jeune étalon du pays.

Ichabod montait fièrement ce beau coursier. Il avait réglé ses étriers courts, ce qui avait pour effet de remonter ses genoux presque jusqu'au pommeau de la selle, comme les jockeys de course; ses coudes écartés comme des pattes de sauterelles; il tenait son fouet perpendiculairement dans sa main, comme un sceptre et son cheval surexcité semblait voler plus que galoper. Telle était l'apparence d'Ichabod et de son coursier pour le grand jour.

C’était une belle soirée d’automne, le ciel était clair et serein. Les forêts avaient revêtu leur costume brun sobre et ocre.

Brom était le héros de la fête, étant venu à la réunion sur son coursier préféré, une créature, comme lui, pleine de caractère et d’espièglerie et que personne d’autre que lui-même ne pouvait monter. 
En arrivant, Ichabod fut émerveillé parles plats prévus pour le repas :
Des montagnes de plateaux de gâteaux Il y avait des beignets moelleux, et des beignets craquants; des gâteaux sucrés et gâteaux amers, des gâteaux au gingembre et des gâteaux de miel et toutes autres sortes de gâteaux. Et ensuite il y avait des tartes aux pommes et des tartes de pêche et des tartes à la citrouille; en plus des tranches de jambon et de bœuf fumé; et les plats des plus délectables de prunes de pêches et poires et de coings; n’oublions pas de mentionner les écrevisses grillées et les poulets rôtis.

Et maintenant le son de la musique montait de la salle commune, invitant à la danse. 
Ichabod était aussi fier de ses talents de danseur que de chanteur. Il était l'admiration de toute l’assemblée qui regardait avec plaisir la scène. La dame de son cœur était sa partenaire de danse et souriait gracieusement en réponse à tous ses regards amoureux; tandis que Brom, douloureusement frappé par la jalousie, restait assis rêveur tout seul dans un coin.

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A la fin du bal, Ichabod a été entrainé dans un groupe de personnes âgées qui, assis et fumant leurs cigares discutaient du temps passé et de la grande guerre.
Il y avait l'histoire de Doffue Martling, un grand barbu, qui avait presque pris une frégate britannique à lui tout seul. Et il y avait un autre vieux monsieur qui était célèbre pour être capable de dévier les balles des fusils avec la lame de son épée, épée qu’il portait toujours sur lui et sur laquelle on pouvait voir les éraflures laissées par les dites balles. 
Mis tout ceci n'était rien à côté des histoires de fantômes. 

La majeure partie des histoires, cependant, tournait  autour du spectre préféré de la vallée endormie, à savoir le Cavalier Sans tête, que l'on avait entendu plusieurs fois dernièrement, patrouillant dans le pays; et, qui a été vu attachant son cheval plusieurs nuits parmi les tombes du cimetière.
Tel était le lieu de prédilection du Cavalier Sans tête et l'endroit où il était plus fréquemment rencontré. 

Brom affirmaitt qu'en retour à minuit du village voisin, ce cavalier sans tête l'avait rattrapé; qu'il avait offert de courir et qu’il avait gagné la course, en arrivant le premier au pont de l'église, et que là le fantôme s'est sauvé et a disparu en un éclair de feu.

La veillée d’Halloween s'est progressivement séparée. 

 Ichabod s'est  attardé derrière, espérant  avoir un tête-à-tête avec l'héritière; entièrement convaincu qu'il était maintenant près du but. Ce qui s’est passé à cet entretien on ne le sait pas. 

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 Mais Ichabod était  triste et abattu, quand il est revenu le long des collines qu'il avait traversées si joyeusement l'après-midi.
Toutes les histoires de fantômes et de lutins qu'il avait entendues l'après-midi se bousculaient dans son esprit. La nuit est devenue de plus en plus sombre; les étoiles ont semblé s’éloigner plus profondément dans le ciel et les nuages les cachaient de temps en temps à sa vue. Il ne s'était jamais senti si solitaire et morne. Il, s'approchait de plus en plus de l'endroit même où beaucoup de scènes d’histoires de fantôme s’étaient déroulées. A un certain moment, il s’est trouvé face  un énorme tulipier, qui se dressait de manière imposante comme un géant par-dessus tous les autres arbres du voisinage.
Comme Ichabod s'est approché de cet arbre, Ichabod a entendu un gémissement, ses dents ont claqué et ses genoux ont tremblé contre la selle: ce n'était que le frottement d'une branche énorme sur un autre, balancées par la brise. Ichabod a passé l'arbre en sécurité, mais de nouveaux périls se trouvaient devant lui.

Comme Ichabod s'est approché d’un ruisseau, son cœur a commencé à cogner il a  donné du fouet et du talon dans les côtes efflanquées de la vieille Poudre, qui s'est précipitée en avant, reniflant et reniflant, mais s’est immobilisée juste avant le pont, avec une soudaineté telle qu’elle avait presque envoyé son cavalier voler par-dessus sa tête. Juste à ce moment Ichabod a entendu le bruit d’une galopade effrénée. Puis dans l'ombre sombre du bosquet, sur la rive du ruisseau, il a contemplé quelque chose d'énorme qui semblait blotti dans les ténèbres, comme un monstre gigantesque prêt à jaillir sur le voyageur.

Rassemblant, donc, tout son courage, Ichabod a balbutié : 
"Qui êtes-vous?" 
Ichabod n'a reçu aucune réponse. Il a répété sa demande d'une voix toujours plus tremblante. Toujours aucune réponse. Encore une fois Ichabod frappa les côtés de Poudre qui refusait de bouger. À ce moment même l'être caché s'est mis en mouvement et s’est planté au milieu de la route. Quoique la nuit soit sombre et morne, la forme inconnue pouvait être vérifiée. Il a semblé à Ichabod que c’était un cavalier de grande taille et monté sur un cheval noir puissant. Il n'a présenté aucune marque de brutalité ou de sociabilité, mais a gardé ses distances sur le côté de la route, trottinant du côté de l’œil aveugle de Poudre, qui avait maintenant surmonté sa peur.
Ichabod, qui se rappelait l'aventure  de Brom avec le cavalier sans tête, a mis son coursier au pas rapide dans l’espoir de s’éloigner. L'étranger, cependant, a accéléré le pas de son cheval à une allure égale. 
Ichabod était glacé quand il s’aperçut que le cavalier était sans tête! Mais son horreur était encore plus grande quand il vit que la tête, qui aurait du être posée sur les épaules, était posée sur le pommeau de la selle! 
Sa terreur est montée au désespoir; il a fait voler une pluie de coups de pied et de coups de fouet sur la Poudre, espérant par un mouvement soudain pouvoir fausser compagnie à son compagnon; mais le spectre a commencé la course avec lui. 
Alors, ils se sont précipités par monts et par vaux; Les vêtements légers d'Ichabod ont flotté dans l'air, alors qu’il avait allongé son long corps grêle  sur la crinière et la tête de son cheval, dans l'ardeur de sa chevauchée.

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La panique de Foudre   avait donné un avantage apparent à son cavalier, mais en arrivant au pont, les sangles de la selle ont cédé et Ichabod l'a senti glisser sous lui. Il a juste eu  le temps de se sauver en étreignant la vieille Poudre par le cou, quand la selle est tombée à la terre et il l’a entendue se faire piétiner par les sabots de son poursuivant. Pendant un instant la terreur a submergé Ichabod à l’idée que cela aurait pu être lui qui avait été piétiné. 

Une ouverture dans les arbres lui a redonné l’espoir que le pont d'église était proche. 
"Si je pouvais atteindre ce pont," a pensé Ichabod, "je serais sauvé." 
À ce moment même Ichabod a entendu le coursier noir haletant et soufflant derrière lui; il s'est même imaginé sentir son souffle chaud sur sa nuque. Un autre coup de pied convulsif dans les côtes et la vieille Poudre a sauté sur le pont, a tonné sur les planches et a gagné le côté opposé; et maintenant Ichabod jette un regard derrière lui pour voir si son poursuivant a disparu, selon la légende, en un éclair de feu et de soufre. À ce moment même il a vu le fantôme se lever dans ses étriers et lui lancer sa tête. Ichabod s'est efforcé d'esquiver le missile horrible, mais trop tard. Il l’a reçu sur son crâne, a dégringolé la tête la première dans la poussière et a perdu toute notion de son aventure : de Poudre, du coursier noir et du cavalier sans tête.
Le lendemain matin le vieux cheval a été trouvé sans sa selle et avec la bride sous ses pieds, broutant tranquillement  l'herbe à la porte de son maître. Ichabod n’est pas apparu au petit-déjeuner; l'heure de dîner est venue, mais pas d’Ichabod. Les garçons se sont réunis à l'école et ont joué près du ruisseau; mais aucun maître n’est apparu. Une enquête a été mise sur pied et ils ont retrouvé les traces d’Ichabod. Sur la route menant à l'église on a trouvé la selle piétinée dans la saleté; les traces des sabots des chevaux profondément enfoncées dans la route jusqu’au pont, au-delà duquel, sur la rive du ruisseau, a été trouvé le chapeau de l’infortuné  Ichabod  à côté d’un potiron brisé.
Le ruisseau a été fouillé, mais le corps d’Ichabod n’a jamais été retrouvé.

Cet événement mystérieux a causé beaucoup de discussions à l'église le dimanche suivant. Les commères se sont rassemblées dans le cimetière, près du pont,  où le chapeau et le potiron avaient été trouvés. Les histoires anciennes sont réapparues et ont été comparées avec les symptômes du cas présent. Les commères ont secoué la tête et sont arrivées à la conclusion qu’Ichabod avait été emporté par le cavalier sans tête. 

Bien plus tard, un vieux fermier, qui était parti vivre à la capitale, est revenu en racontant qu’Ichabod était toujours vivant; qu'il avait fui la vallée endormie en partie par la crainte du fantôme et en partie mortifié d’avoir été renvoyé par l'héritière.
 Dans la vallée on a observé que Brom, peu de temps après que la disparition de son rival a conduit Katrina à l'autel, et que quand l'histoire d'Ichabod était racontée dans les veillées, il éclatait d’un grand rire à la mention du potiron; ce qui a amené certains à soupçonner qu'il savait plus à ce sujet qu'il ne voulait bien dire.
Les vieilles femmes de pays, cependant, maintiennent à ce jour qu'Ichabod a été emporté par des moyens surnaturels. Le pont est devenu plus que jamais un objet de crainte superstitieuse; et c’est peut être la raison pour laquelle la route a été modifiée afin de s'approcher de l'église par le chemin du moulin de la roche. 
L'école étant abandonnée est bientôt tombée en décrépitude et passe pour être hantée par le fantôme du  malheureux instituteur chantant un psaume  mélancolique dans les solitudes tranquilles de la vallée endormie.

 

Date de dernière mise à jour : 02/11/2017

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